Un hôpital, cinq unités, des balises communes

Un temps de consultation

Toute décision d’hospitalisation nécessite d’être particulièrement attentif à la place et au sens que celle-ci prendra dans le parcours de vie du jeune et de sa famille.

L’hospitalisation d’un jeune dans une de nos unités s’inscrit comme une réponse à ce qui, à un moment donné de son parcours, « fait impasse » pour lui, pour sa famille, pour son environnement social (institution, école). Cette notion d’impasse renvoie à l’idée de crise, non pas tant sur le plan de l’urgence, que sur celui d’une certaine impossibilité à avancer, à trouver son chemin… La crise entendue donc dans le sens d’un moment qui oblige à bouger, à avancer : souffrance mais aussi opportunité donnée pour avancer, pour changer quelque chose à sa vie.

Importance donc de maintenir ouverte cette « crise-opportunité » tout en essayant de résoudre l’impasse qu’elle vient signifier. Cette manière de se représenter l’hospitalisation nous oblige à en penser l’après, dès avant sa mise en œuvre ! S’il y a obligation d’avancer, encore faut-il que ce ne soit ni « en aveugle » ni sans savoir dans quelle direction.

Un espace et un temps de soins

L’hôpital ne peut prétendre à tout décider ni à réguler les multiples aspects de la vie de ses patients : notre projet d’hospitalisation prévoit donc obligatoirement pour chaque patient une alternance entre le temps passé dans l’unité de soins et des moments de vie dans un lieu d’accueil extérieur identifié comme son lieu de vie. Ces lieux de vie (famille, famille d’accueil, de parrainage, institution) sont nos partenaires privilégiés dans l’élaboration, la mise en place et l’évaluation du projet d’hospitalisation. Les jeunes y passent au moins un week-end sur deux et une partie des vacances scolaires.

Des rencontres régulières sont prévues afin d’aborder ensemble les difficultés relationnelles, de repérer les ressources de chacun, d’identifier les répétitions dans l’histoire du jeune et de sa famille et de soutenir la construction de projets viables pour tous.

Dans le même souci de ne pas occuper tout l’espace de vie d’un jeune, la durée de l’hospitalisation doit être considérée comme limitée à la durée nécessaire à la mise en œuvre du projet élaboré avec le jeune et son réseau.

Le quotidien et le communautaire

Des unités de vie de taille réduite (maximum 14 jeunes), dirigées collégialement par un psychiatre et un responsable d’unité, au sein desquelles les jeunes sont répartis en plusieurs petits groupes.

Un quotidien au plus proche de la vie de tous les jours, rythmé par les activités essentielles de celles-ci (repas, toilette, coucher…), par des activités spécifiques (ateliers) construites au départ des besoins des jeunes, avec un abord « communautaire » de tous les moments de vie et des relations qui s’y nouent… A partir d’une éthique de l’écoute et de la rencontre respectueuse de la singularité de chacun, l’équipe thérapeutique transdisciplinaire soutient pour chaque jeune un travail de compréhension et d’expression de ses difficultés, un travail d’élaboration et de mise à l’épreuve de nouveaux modes comportementaux, relationnels, à lui-même et aux autres.

Le réseau

Une prise en charge articulée au réseau de vie du jeune. Le réseau présent lors de l’hospitalisation est associé aux différentes étapes de la prise en charge dans le souci de bien différencier pour le jeune et sa famille, la place, la fonction et les ressources de chacune de ses composantes ainsi que le sens des différentes interventions. Au besoin, si ce réseau n’existe pas, nous veillons à le construire ou à le réactiver dès le processus d’admission.

Le droit à l’école

L’école constitue le lieu social par excellence des enfants et des adolescents. Au-delà de la maladie, nous souhaitons maintenir ou redonner à tous nos patients un accès à ce droit. Si l’école est en effet souvent le lieu des premiers décrochages, des premières ruptures, elle est aussi un lieu essentiel de reconstruction d’une estime de soi individuelle et familiale. Le projet d’hospitalisation de chaque jeune intègre une scolarité adaptée à son niveau, à son rythme, à ses difficultés. Cette dimension particulière de notre prise en charge se traduit par la fréquentation quotidienne de l’école fondamentale Les Chardons et de l’école secondaire Jean Bosco, partenaires de notre projet.

Un hôpital ouvert à la vie sociale

Développer ses capacités d’autonomie, s’intégrer dans diverses activités extérieures (stages, club de sport, mouvement de jeunesse…) sont autant d’occasions de se confronter à l’extérieur, à la réalité de l’autre, à sa capacité d’entrer en relation. L’équipe thérapeutique veille à soutenir ces différentes expériences qui sont autant d’occasions de renforcer l’estime de soi, et parfois, plus simplement, de se confronter et de se débrouiller avec les autres.

Formation permanente

Un processus de formation permanente pour le personnel : cette formation est multi-référentielle, est soutenue par un Conseil scientifique et par un Comité d’éthique, composés en partie par des personnes extérieures à l’hôpital.